Rio de Janeiro, envoyée spéciale.
Affalés dans leur voiture, des policiers lourdement armés montent mollement la garde à l'entrée de La Rocinha, la plus grande des 600 favelas de Rio, avec ses 130 000 habitants. Un policier caresse son fusil d'assaut. «C'est un M-16, 5,56 mm, le même que celui de l'armée américaine», pavoise-t-il. Depuis la guerre que se sont livrée, ici en avril, Dudu et Lulu, deux caïds de la drogue, la police a investi la favela. Dans la Rua 1, rue principale de La Rocinha et ex-QG des narcos, les commerces sont ouverts. Une banderole annonce une «nuit de hip-hop». «Le calme est revenu, dit Carlos, un habitant. Mais c'est comme un film inachevé. Rien ne dit que la guerre est finie.» C'est sur l'autoroute traversant la favela, au lieu dit «la courbe en S», où un immeuble est encore criblé de balles, qu'avait commencé, le 9 avril, la guerre entre les bandes de Dudu et de Lulu. Tous deux appartenaient au «Commando rouge», le plus puissant des trois gangs qui se disputent le contrôle des bocas de fumo points de vente de drogue et, donc, des favelas où ils se trouvent. Venus d'une favela voisine, Dudu et ses 60 «soldats», armés et déguisés en policiers, ont tenté d'envahir La Rocinha. Evadé de prison en janvier, il voulait reprendre à Lulu la favela, qu'il contrôlait jusqu'à son arrestation, en 1995.
Corrompus. Trois jours durant, la bataille a opposé les narcos entre eux, et ces derniers à la police. Bilan, 12 morts, dont des civils, victimes de balles perd