A peine signé et déjà piétiné. Comme tant d'autres avant lui, l'accord conclu à Accra, au Ghana, vendredi dernier, est revu et corrigé par les adversaires qui s'affrontent depuis bientôt deux ans en Côte-d'Ivoire. Une douzaine de chefs d'Etat africains les plus influents dans la région et le numéro 1 de l'ONU, Kofi Annan, avaient pourtant mis la main à la pâte ivoirienne pour essayer de régler la crise et de sortir de l'impasse un pays embourbé dans une guerre civile larvée, coupé en deux entre camp présidentiel et rebelles. Le texte, sorti au forceps après quarante-huit heures de discussions, prévoit une sortie de crise en deux temps : 1) avant le 30 septembre, la Constitution est modifiée pour permettre à l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara d'être candidat à l'élection présidentielle en octobre 2005 ; 2) les forces rebelles et les milices «patriotiques» qui soutiennent le président Laurent Gbagbo commencent à désarmer le 15 octobre.
Ce calendrier précis est censé «relancer le processus de paix», lancé en janvier 2003 avec les accords de Marcoussis, parrainés par la France. Des accords approuvés du bout des lèvres par Gbagbo, qui ne les a jamais vraiment appliqués. Accra connaîtra-t-il le même sort ? Officiellement, tout le monde se réjouit du compromis dégagé au Ghana. «Les résultats obtenus à Accra par le président Gbagbo sonnent le glas de la rébellion», clame le quotidien du parti au pouvoir. Dans le camp Ouattara, on se félicite d'«un accord juste, qui entérine