Madrid, de notre correspondant.
Ultime colonie en Europe, Gibraltar se trouve de nouveau au centre de fortes frictions diplomatiques entre la Grande-Bretagne, puissance tutélaire, et l'Espagne, qui en revendique la souveraineté. Le ton monte entre les deux pays, alors même que commencent, aujourd'hui à Gibraltar, les cérémonies du tricentenaire de la conquête militaire du «Rocher», en présence du ministre de la Défense britannique Geoffrey Hoon. Cette visite officielle a été qualifiée de «très inamicale» par le gouvernement Zapatero, et d'«intolérable» par les instances dirigeantes du Parti socialiste espagnol (PSOE), la formation au pouvoir. Londres, de son côté, estime que Madrid réagit «de façon émotive» face à de «simples commémorations».
Amertume. Après avoir laissé planer la menace de renvoi de l'ambassadeur britannique en Espagne, le ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a affirmé, hier, vouloir «oublier la crise» et rencontrer au plus vite son homologue Jack Straw «pour normaliser la question de Gibraltar». Dans le journal el Pais d'hier, Moratinos laissait toutefois transpirer son amertume : «Il paraît bien étrange qu'au XXIe siècle, on commémore dans l'Union européenne l'occupation militaire d'une partie du territoire d'un Etat membre par un autre Etat membre.» La conquête du «Rocher», en 1704 par les troupes anglo-hollandaises, allait être suivie, en 1713, par le traité d'Utrecht, consacrant la souveraineté britannique sur ce minuscule territoire