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Libération

La guerre de l'orthographe rallumée en Allemagne

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Les conservateurs refusent la réforme de la graphie initiée par Schröder.
publié le 4 août 2004 à 1h39

Berlin, intérim.

Les débats sur la rénovation du système de santé et du marché du travail n'ont visiblement pas épuisé les politiciens allemands. A l'heure de la pause estivale, ils s'infligent de pénibles devoirs de vacances en relançant les hostilités sur l'opportunité d'une des réformes les plus scabreuses des années Schröder, celle de l'orthographe. Au coeur du crêpage de chignon, une question cruciale : va-t-il bientôt falloir traduire Günter Grass en allemand ?

Puristes. Depuis quatre ans, l'avènement des triples consonnes (écrire schifffahrt et non plus schiffahrt, pour «promenade en bateau») ou la mise à mort du ß (dass au lieu de daß, pour la conjonction «que») ne faisaient pourtant plus causer. Tous, lassés des querelles entre anciens et modernes, étaient persuadés que la nouvelle orthographe, introduite par étapes dans les formulaires de sécurité sociale, les journaux et les manuels scolaires depuis 1998, était destinée à durer quelques décennies à défaut d'une éternité. Mais huit ans après le vote des Länder en faveur de la nouvelle graphie et à douze mois de l'abandon obligatoire de l'ancienne, quelques puristes ont cru bon de relancer le débat.

C'est Edmund Stoïber, ministre-président de Bavière et rival malheureux de Schröder aux élections de 2002, qui a «réappuyé sur le tube de dentifrice», selon la formule d'un quotidien régional. Le dirigeant conservateur, suivi par au moins quatre de ses collègues, a fait inscrire l'abolition de la réforme à l'ordre du jour d