Rotterdam, correspondance.
Dès la sortie des bureaux à 18 heures, la rue Keileweg troque son activité industrielle contre la prostitution. Et ce jusqu'à 6 heures du matin, quand arrivent les premiers ouvriers. Comme sept autres villes néerlandaises, Rotterdam a décidé, il y a une quinzaine d'années, de réguler la prostitution de rue en créant une zone réservée. Mais le conseil municipal dominé par le parti populiste Leefbaar Rotterdam, dont était issu Pim Fortuyn a décidé de la supprimer à la fin de l'année avec un cortège d'autres mesures sécuritaires comme la fouille préventive de suspects, un contrôle renforcé des coffee-shops qui vendent du cannabis et le refus d'accueillir les habitants pauvres dans certains quartiers. Le syndrome «nimby» (not in my backyard, «pas dans mon jardin») règne. Les riverains et les entreprises de la Keileweg souhaitent la disparition de la zone de prostitution, qui attire toute une faune de dealers et de toxicomanes et génère un sentiment d'insécurité.
La zone est grillagée. Deux agents de sécurité filtrent les filles. Depuis novembre, elles doivent posséder une carte stipulant qu'elles sont majeures, ont un casier judiciaire vierge et un permis de travail. Des caméras filment désormais le parcours circulaire des voitures entre les prostituées alignées en rang d'oignons. Seuls les afwerkplekken littéralement «lieux de finition» échappent à l'oeil vigilant de la surveillance électronique. Il s'agit de boxes de parking où le client se gar