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Eté. Lieux mythiques.

Goytisolo : «Il faut préserver l'improvisation»

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Eté. Lieux mythiques. Juan Goytisolo, écrivain, a oeuvré pour que la place Jama'al Fna soit classée par l'Unesco:
publié le 7 août 2004 à 1h41
(mis à jour le 7 août 2004 à 1h41)

Né en 1931 à Barcelone, Juan Goytisolo est l'auteur, entre autres, de Paysages après la bataille (roman) et les Royaumes déchirés (mémoires), traduits chez Fayard.

C'est grâce à vous, et notamment à votre roman Makbara, que Jama'al Fna a été classée par l'Unesco «patrimoine oral et immatériel de l'humanité». Dans quelle circonstance avez-vous «rencontré» cette place ?

A partir de 1965, j'ai passé tous les ans deux ou trois mois à Tanger où j'ai voulu, sans succès, apprendre l'arabe dialectal. En 1976, je me suis installé six mois à Marrakech, où personne ne parlait l'espagnol et où je feignais d'ignorer le français. Je voulais alors faire un essai sur notre plus grand écrivain du Moyen Age, l'archiprêtre de Hita et j'ai pensé que la place, où j'allais tous les jours, serait l'endroit idéal pour l'écrire, compte tenu de la variété et de la richesse de ses traditions orales. J'ai commencé à faire l'inventaire écrit de ses acteurs, spectateurs, objets, immeubles... Je prenais des notes, j'enregistrais les conteurs et, à l'été 1976, je comprenais la plupart de leurs histoires. J'ai alors réalisé la difficulté de décrire tout ce que l'espace engendre, car le mouvement des corps change l'espace. Le point de départ de mes réflexions s'est étendu aux relations existant entre la tradition orale et la littérature. Comment décrire la place sans porter atteinte à la poésie du texte ? La reconstruction verbale de l'ambiance de Marrakech me prit des mois, c'est peut-être le