Nauru, envoyée spéciale.
La république de Nauru pourrait, dans les semaines qui viennent, fermer boutique. Jeter les clés à la mer et abandonner son île. Cette minuscule nation du Pacifique, accrochée comme un lampion au fil de l'équateur, n'a plus un sou en caisse mais des dettes qui s'élèvent à 169 millions de dollars (140 millions d'euros). Si personne ne vient à son aide, elle pourrait devenir le premier pays de la planète à succomber à ce que l'ONG britannique Global Witness qualifie de «faillite absolue».
Nauru fut pourtant une nation riche. Par la grâce des millions d'oiseaux qui ont déposé leurs excréments sur l'île, transformés au cours des millénaires en un phosphate de la meilleure qualité utilisé pour les engrais. Au début du XXe siècle débute l'exploitation de ces gisements qui profiteront aux Allemands, aux Néo-Zélandais, aux Britanniques et enfin aux Australiens avant que Nauru accède à l'indépendance. Pendant une trentaine d'années, l'argent coule à flots. Les gouvernements successifs, à travers le Nauru Phosphate Royalties Trust, investissent dans l'immobilier. En Australie comme à Hawaï se dressent des immeubles qui portent le drapeau de Nauru, leurs loyers devront nourrir les quelque 10 000 ressortissants quand l'île aura été nettoyée de sa dernière pelletée de phosphate. De jour en jour, Nauru se creuse et ses habitants enflent.
Diabétiques et apathiques. Si gros qu'ils ne quittent pas leur véhicule pour faire leurs courses. Devant les échoppes, ils klaxonne