Rome, intérim.
«Nous avons dû boire notre urine», raconte un rescapé. Sans provisions ni eau, ils étaient cent, entassés dans une barque de 14 mètres à la merci du vent et des mouvements de la mer. Pour alléger l'embarcation, ils devaient jeter les corps des morts par-dessus bord. Dans ce voyage de l'horreur, commencé dix jours plus tôt en partant des côtes libyennes pour gagner l'Italie, vingt-huit sont morts et soixante-douze ont survécu, recueillis samedi à environ 130 miles au sud du cap Passero (sud de la Sicile) par l'équipage du Zuiderdiep, bateau battant pavillon allemand. Leur embarcation était «sur le point de couler», a raconté Ryszard Woytaszec, commandant polonais du Zuiderdiep qui, escorté par la police maritime italienne, a ensuite gagné Syracuse (Sicile) dans la nuit de samedi à dimanche.
«Nous avons trouvé les survivants épuisés, souffrant de déshydratation. De ce que j'ai pu entendre d'un homme qui parlait un anglais laborieux, leurs conditions de voyage ont été épouvantables», affirme Francesco La Monica, inspecteur régional du volontariat et des secours pour la Croix-Rouge italienne à Syracuse. Les enquêtes menées par la préfecture de Syracuse révèlent que les clandestins parmi lesquels trois femmes seraient originaires de la Sierra Leone, du Liberia et de la Côte d'Ivoire. Ils avaient tout d'abord expliqué venir du Soudan.
Passeurs. Les premiers témoignages racontent les trajectoires épuisantes pour gagner le paradis européen en débarquant sur les côtes