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Libération

«Si nous étions unis, ce serait un second Vietnam en Irak»

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publié le 12 août 2004 à 1h44

Bagdad, envoyé spécial.

Venue on ne sait d'où, la consigne se propage comme une traînée de poudre. En quelques minutes, tous les commerçants de l'avenue Djedida tirent leur rideau de fer. Personne ne peut vraiment dire si ce soudain couvre-feu a été imposé par le gouvernement dans le dessein d'isoler les combattants de l'Armée du Mehdi ou si l'ordre vient des miliciens chiites en représailles au blocus de leur bastion, Sadr City, par les troupes américaines. Mais chacun craint de faire les frais d'un affrontement qui semble inévitable et déborde désormais des faubourgs populaires de la capitale pour mordre sur les quartiers plus aisés de Bagdad.

Dilemme. Conséquence directe de l'assaut lancé par la coalition contre le jeune religieux rebelle Moqtada al-Sadr, retranché avec ses partisans dans les mausolées de Najaf, l'ensemble de la communauté chiite se voit contrainte de choisir son camp. Terrible dilemme pour les négociants de Bagdad-Djedida, secteur prospère de la capitale qui jouxte Sadr City. Assister les insurgés, c'est risquer la faillite. Soutenir l'occupant, c'est passer pour un traître. Les conséquences de ce choix seront, dans tous les cas, pénibles.

«Si les Américains pensent que nous aidons la résistance, nous allons nous faire arrêter. Si l'Armée du Mehdi croit que nous collaborons, nous allons nous faire tuer. Et s'ils se battent sur cette avenue qui mène à Sadr City, il y aura des dommages collatéraux, maisons détruites, vies perdues», résume Mohamed Ibrahim, le