Bagdad envoyé spécial
Ils marchent par centaines le long de l'autoroute proche de l'aéroport, sans un regard pour le blindé américain qui, rangé sur le terre-plein central, les pointe avec son canon. Partis d'El-Khadra, un faubourg chiite du sud de Bagdad, ils avancent d'un bon pas, une bouteille d'eau à la main, la tête protégée d'un soleil de plomb par un petit tapis de prière, une serviette ou un simple bout de carton. Une longue route les attend. Le cortège, hérissé de drapeaux noirs et de portraits du chef radical chiite Moqtada al-Sadr, se dirige vers Najaf, la ville sainte assiégée, distante de près de 180 km.
Lieu sacré. Quelques heures plus tôt, lors d'une prière du vendredi improvisée devant la «zone verte», le quartier administratif transformé en bunker, un porte-parole de Moqtada al-Sadr, Sayyed Hazem al-Araji, a ordonné à tous les fidèles de rejoindre «à pied» la cité encerclée par les forces de la coalition. Partout, vendredi, les manifestations se sont multipliées en solidarité avec l'Armée du Mehdi, la milice retranchée autour du mausolée de l'imam Ali, le lieu le plus sacré du chiisme, qui, depuis huit jours, affronte les marines et les gardes nationaux irakiens.
Un responsable du mouvement rebelle a même prétendu que Moqtada al-Sadr avait été blessé «au ventre et à la poitrine» par des éclats d'obus, une nouvelle non confirmée qui a enflammé un peu plus les esprits. A Bassora, les partisans du chef chiite radical ont décrété trois jours de grève générale et so