Johannesburg correspondance
Daniel Malan doit se retourner dans sa tombe. Le théoricien de l'apartheid, défenseur de la suprématie blanche et de l'exclusion des Noirs, se retrouve dans le même camp que Nelson Mandela, emprisonné durant vingt-sept ans par le régime de l'apartheid et premier président noir de l'histoire de l'Afrique du Sud. Le parti de Malan, rebaptisé Nouveau parti national (NNP), va en effet fusionner avec l'ancienne «organisation terroriste», le Congrès national africain (ANC) au pouvoir. Le NNP est l'héritier du Parti national, créé en 1914 et qui dirigea le pays de 1948 à 1994 en y imposant l'apartheid. Même le président Thabo Mbeki s'est montré surpris : «Je ne vois pas d'exemple d'autre parti d'oppression qui ait dit : "Nous sommes vaincus, nous cessons d'exister et nous rejoignons ceux que nous avons opprimés".»
Revirement. Cette alliance, qui fait la une de la presse sud-africaine depuis son annonce il y a dix jours, a encore fait les gros titres ce week-end. L'ex-Président Frederik De Klerk a indiqué qu'il quittait le parti au nom duquel il avait négocié la transition démocratique en 1994. «Je me retire du NNP. Je ne rejoindrai pas l'ANC et je choisirai en temps utile le parti pour lequel je voterai», a-t-il déclaré. Si l'ANC se réjouit du revirement historique du NNP, d'autres réactions sont plutôt critiques. «Je suis écoeuré. Si les sept députés du NNP adhèrent à l'ANC, le pouvoir détiendra plus de 70 % des sièges au Parlement. L'opposition n'est plu