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La Pampa, tours d'horizon

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Disséminés dans l'immense plaine argentine, les édifices iconoclastes de Francisco Salamone détonnent.
publié le 16 août 2004 à 1h46

La Pampa est une plaine sans fin qui débute dès les faubourgs de Buenos Aires et se dilue 1 000 kilomètres plus au sud dans la Patagonie. En ce début d'hiver austral très sec, le vent soulève la poussière ocre des champs laissés au repos après les récoltes. Les seules taches de verdure sont les pâturages où rumine un bétail impassible à l'incessant trafic des camions qui transportent maïs, blé ou tournesol vers les silos du port de Bahia Blanca, sur l'océan Atlantique sud. D'immenses lagunes couleur ardoise, paradis d'une myriade d'oiseaux ­ de la simple mouette au flamant rose ­, rompent régulièrement la monotonie d'un paysage à peine agité par quelques incidents de terrain. Parfois, sur la route, un portail blanc indique l'entrée d'une estancia, propriété agricole de plusieurs centaines et parfois milliers d'hectares dont on devine au loin les installations à l'ombre d'un bouquet d'eucalyptus. Au détour d'une piste sablonneuse, enfin, une présence humaine. Mais si les gauchos du coin arborent toujours un large béret en feutre mou qui leur retombe sur le visage, les camionnettes à double traction et les motos ont remplacé les chevaux.

Le «Gaudi de la Pampa». A distance régulière, de gros bourgs émaillent ce territoire connu comme le grenier de l'Argentine, grand comme les quatre-cinquièmes de la France mais où la densité de la population dépasse à peine les deux habitants par kilomètre carré. La plupart sont d'anciens forts qui, au milieu du XIXe siècle, mat