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Espagnols et Marocains dos à dos à El Ejido

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La vie des immigrés, déjà en proie au racisme dans cette riche bourgade du Sud, est devenue impossible depuis les attentats de Madrid : incidents et agressions se multiplient.
publié le 17 août 2004 à 1h47

El Ejido envoyé spécial

«Bienvenue dans un territoire sans loi !», lance d'emblée Abdelkader Chacha, la quarantaine élégante et le regard sérieux, souligné par de petites lunettes rondes. Arrivé en 1988 à El Ejido, grosse bourgade de 57 000 habitants proche d'Almería (Andalousie), ce Marocain aurait de bonnes raisons de se sentir «intégré» : après avoir travaillé «comme un esclave» dans les cultures sous serres de la région pendant de longues années, il a fait venir sa femme, ouvert un commerce et acheté un appartement. Son fils, âgé de 15 ans, étudie dans une école locale. «Pourtant, comme tous les Marocains, je me sens rejeté. Les gens du coin ne veulent pas de nous. D'ailleurs, certains immigrants quittent peu à peu El Ejido, ils ne supportent plus le climat de haine qui y règne.»

Abdelkader dénonce tour à tour les «agressions racistes», les «méfaits policiers», les «limites à la liberté d'expression». Il préside une association de travailleurs agricoles maghrébins, Ouafa 2000, mais, dit-il : «On n'a aucun moyen, on nous refuse un local, et toute aide municipale.» Sirotant un thé à la menthe, Abdelkader est attablé dans le bar la Parada, en plein centre d'El Ejido, entouré d'une dizaine de compatriotes. Tous se plaignent d'insultes et de vexations diverses. Hormis les gens de passage, assure-t-on, aucun Espagnol ne fréquente ce lieu ni les autres commerces marocains. «Ces dernières années, de façon plus ou moins subtile, ils ne nous acceptent plus dans leurs bars, leurs sal