Celui qui monte au Fuji est un sage. Mais celui qui y monte deux fois est un fou», dit le dicton nippon. A la troisième reprise, celui qui insiste est un cas suspect. Qu'importe, assurent les âmes du groupe Fujiko, ces dizaines d'hommes et femmes âgés vêtus de yukata blanc (habit traditionnel) qui, depuis l'ère Edo, au XVIIe siècle, se rassemblent le 30 juin au sanctuaire shinto de Fujiyoshida, au pied du mont Fuji. Là, ils honorent l'esprit du volcan avant d'entamer l'ascension, jusqu'à 3 776 mètres. «Chaque été, depuis quarante-deux ans, je monte au sommet», raconte Saïto-san (monsieur Saïto), 74 ans, leader des Fujiko. Derrière lui, à travers les nuages, apparaît l'ombre épaisse du Fujiyama.
«Belle est également cette journée grise / Où la pluie dérobe le Fuji.» Sur la place centrale de Fujiyoshida, balayée par une pluie fine, le haïku du moine poète Bashô, vieux de trois cents ans, tombe à pic alors que la cérémonie qui, littéralement, «ouvre» le Fujiyama et ses voies est imminente. A 13 heures, sandales en corde tressée aux pieds, les Fujiko accueillent des groupes de vaillants grimpeurs venus des environs ou de très loin. Des prêtres shintos entonnent des sermons censés purifier le corps et l'esprit des hommes avant qu'ils foulent le sol du dieu-volcan. Par ici, on vit toute l'année, entre champs vert pomme, rizières et sanctuaires, au rythme de croyances chamanistes dédiées au mont et à ses gardiens forêts, lacs, rivières étalés sur 99 000 mètres carrés.
Sur la plac