C'est donc là que tout a commencé ou presque. Là, devant le Stonewall Inn, au 53 Christopher Street, que tôt, le matin du 18 juin 1969, des centaines d'homosexuels se sont opposés à la police de New York pour protester contre le harcèlement dont était victime leur communauté. La «rébellion» va durer six jours et devenir à elle seule le symbole de l'émancipation des gays aux Etats-Unis et à travers le monde. Aujourd'hui, il ne reste qu'une petite plaque pour commémorer l'événement, fixée sur le mur du Stonewall Bar, un club qui n'ouvre que l'après-midi. Et puis, quatre statues de bronze dans le parc en face, inaugurées en 1992. «Honnêtement, je ne savais rien de tout cela, dit une touriste portugaise. Ils pourraient expliquer un peu mieux ce qui s'est passé par ici.»
Trente-cinq ans après, Christopher Street a bien changé. En plein coeur du West Village, la rue reste un haut lieu de la culture gay. Mais l'artère s'est aussi «normalisée», comme le souligne la majorité de ses résidents. Les nombreuses associations homosexuelles activistes qui s'y étaient installées dans les années 70 et 80 ont plié bagage, de même que les journaux militants. Comme partout ailleurs à New York, le quartier est devenu plus chic et plus cher, plus diversifié aussi. «On a vu débarquer plein de célébrités dans le coin, comme Monica Lewinsky ou Sarah Jessica Parker (l'héroïne de Sex and the City, ndlr). Il y a aussi de plus en plus de familles classiques», résume Cecelia Martin, qui tient le Oscar Wild