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Portrait

Jorge Hank, maire de Tijuana à la frontière de la légalité

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Elu début août, l'édile mexicain est soupçonné d'être impliqué dans le meurtre de deux journalistes qui enquêtaient sur lui, et de liens avec les cartels de la drogue.
publié le 19 août 2004 à 1h49

Mexico de notre correspondant

Derrière son visage froid et inexpressif, Jorge Hank Rohn est un personnage excentrique qui règne sur un drôle d'empire : dix-huit enfants, un zoo privé peuplé de nombreux animaux exotiques, cent vingt-sept élevages de chiens, neuf boutiques de mascottes, cinq cliniques vétérinaires et trois piscines réservées aux spectacles de dauphins. Ce richissime homme d'affaires aurait presque quelque chose de sympathique si, depuis le 1er août, il ne régnait également sur Tijuana, une ville de deux millions d'âmes. Le nouveau maire est en effet soupçonné d'être impliqué dans le meurtre de deux journalistes, de liens avec les cartels de la drogue et de blanchiment d'argent.

«Jorge Hank Rohn possède la moitié de la ville», commente Carlos, un militant local du parti Action nationale, qui vient de perdre la mairie. «Il ne lui aura pas été difficile de s'imposer ­ bien sûr en achetant des votes, en plaçant ses hommes de main devant chaque bureau de vote, en promettant la lune à tous les habitants ou en payant de sa poche des travaux d'assainissement des quartiers pauvres.»

Avant son entrée en politique, Jorge Hank Rohn, aujourd'hui âgé de 50 ans, était un sombre inconnu vivant dans l'ombre de son père, l'un des grands argentiers du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel), le parti qui dirigea le Mexique d'une main de fer de 1929 à l'an 2000. A la mort de ce dernier, Jorge Hank se retrouve à la tête d'une fortune de 500 millions de dollars, d'un hippodrome et