Bagdad envoyé spécial
Entassés dans des bus ou des voitures, debout à l'arrière de camions ou de fourgonnettes, ils étaient hier des dizaines de milliers de fidèles à l'accompagner au cours de sa lente remontée le long de l'Euphrate. Parti trois semaines plus tôt à Londres «pour raisons de santé», le grand ayatollah Ali Sistani a regagné hier Najaf en sauveur. Tout au long du trajet, le pays chiite a réservé un accueil triomphal à sa plus haute autorité religieuse, revenue mettre fin aux combats entre les forces américaines et les miliciens de Moqtada al-Sadr. Mais cette journée de fête et d'espoir s'est soldée par un bain de sang.
Trêve. Là où passe Ali Sistani, les armes se taisent. Le matin, le premier ministre irakien, Iyad Allaoui, a annoncé l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu d'une durée de «vingt-quatre heures» dès son arrivée dans la ville sainte. Le mouvement de Moqtada al-Sadr a également suspendu ses opérations dans les régions qu'il doit traverser. Sur son chemin, des foules de croyants tentent d'apercevoir cet homme de 73 ans qui vit habituellement reclus dans son bureau près du mausolée de l'imam Ali à Najaf. La veille, l'un de ses porte-parole, Hamad al-Khaffaf, a appelé en son nom les Irakiens «à marcher sur Najaf».
Pourtant, les manifestations, organisées par des partisans de Moqtada al-Sadr, où, dans le désordre général, se mêlent des fidèles venus accueillir Ali Sistani, tournent au massacre. Lorsque la foule, qui tente de rejoindre le sanctuaire, arrive à