Montréal de notre correspondante
Il reçoit plus souvent la visite des ours polaires que celle des humains, mais sa portée symbolique n'en est pas moins grande. Depuis la mi-avril, un drapeau canadien flotte sur les immensités blanches de l'extrémité nord de l'île d'Ellesmere (la plus septentrionale des îles de l'archipel arctique canadien). Au terme d'une expédition épique de deux semaines qui leur a fait parcourir quelque 1 800 kilomètres en motoneige dans un des climats les plus inhospitaliers au monde, une poignée de membres des forces canadiennes sont parvenus à proximité d'Alert, une station météorologique et militaire qui passe pour être le plus nordique des peuplements permanents de la planète. C'est là qu'ils ont accompli leur mission : planter en plein désert polaire le drapeau rouge et blanc à feuille d'érable, afin de «démontrer au monde que les forces canadiennes sont capables d'assurer la souveraineté n'importe où dans le Nord à n'importe quel moment de l'année», selon les termes du major Steward Gibson, chef de l'expédition.
Troisième du genre (en trois ans), cette patrouille d'affirmation de souveraineté dans l'Arctique est la plus longue (en distance) de l'histoire canadienne. Elle est aussi celle qui a rencontré le plus d'écho. Parce que l'aventure polaire de ces hommes a intrigué, bien sûr. Mais aussi parce qu'elle s'inscrit dans une politique qu'Ottawa entend désormais mener avec à la fois plus de visibilité et de volontarisme : celle concernant le territoir