New York, envoyé spécial.
L'Histoire oublie les présidents qui ne font qu'un seul mandat, mais quoi qu'il arrive l'Histoire n'oubliera pas George W. Bush. S'il perd l'élection de 2004, il sait qu'il restera dans la mémoire collective comme un personnage sombre : le Président qui a entraîné le pays dans une guerre aventureuse. Hier soir, en montant sur le podium central de la convention républicaine de New York, il jouait donc très gros. Les sondages sont serrés (1) et les républicains comptaient sur son discours pour redonner de l'élan à sa campagne. Après quatre années marquées par une récession, une reprise peu créatrice d'emplois et des déficits abyssaux, le Président devait se montrer capable d'articuler un projet économique et social allant au-delà des simples baisses d'impôt. Il entendait aussi faire étalage de cette «fermeté de caractère» vantée par les orateurs qui l'ont précédé.
Pendant quatre jours, ceux-ci ont martelé un seul message : Bush a des tripes, il sait décider et rester solide, alors que Kerry est un «flip-flopper», une girouette, dont l'élection serait une catastrophe en ces temps de guerre. Mercredi soir encore, le vice-président, Dick Cheney, s'est employé à ridiculiser le démocrate, qui, à l'en croire, «pense qu'on peut impressionner Al-Qaeda avec de la douceur». Pour les républicains, voter Bush, c'est montrer qu'on ne recule pas devant l'ennemi, qu'on ne «se rend pas», pour reprendre la formule du sénateur John McCain. Et l'ennemi est partout, comme