Bagdad, envoyé spécial.
Cheikh Mehdi al-Soumeidaï voulait donner à son appel une tonalité solennelle. Derrière le chef de file des salafistes irakiens se presse tout ce que le courant le plus fondamentaliste de l'islam compte d'imams influents. Des religieux plus habitués aux prêches enflammés qu'à la rencontre avec la presse étrangère. Dans les salons privés du président de la Commission suprême pour la prédication, l'orientation et les fatwas, on reconnaît quelques personnalités réputées détenir un certain ascendant sur les groupes combattants du sud de Bagdad. Discrètes, elles suivent attentivement la conférence, opinant du turban aux déclarations de l'orateur.
«Au nom de l'islam, nous tenons à réitérer notre appel à la libération immédiate des deux journalistes français détenus par l'Armée islamique en Irak, martèle Cheikh Mehdi al-Soumeidaï. Nous tenons à redire que rien, dans notre religion, ne permet de justifier l'enlèvement ou l'agression de journalistes français en Irak. La France et le peuple français ont clairement pris position contre la guerre et contre l'occupation. Aucune troupe française ne participe à cette occupation que les médias français dénoncent en rapportant la vérité.»
Fatwa. Aucune nouvelle de Georges Malbrunot, de Christian Chesnot ou de Mohamed al-Joundi, leur interprète. Juste l'assurance que la plus haute autorité salafiste a émis une fatwa, un décret religieux, «demandant à l'Armée islamique en Irak de les relâcher immédiatement et sans attendre,