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Libération

Réunification: les lundis noirs de Leipzig

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Les manifestations d'Allemands de l'Est, jusqu'ici pacifiques, commencent à inquiéter la classe politique.
publié le 6 septembre 2004 à 2h00

Leipzig, envoyée spéciale.

Au moment de chanter «Seigneur montre-nous le bon chemin», Silke et Gabriele ont entrouvert les lèvres mais aucun son n'est sorti de leur bouche. «Nous ne sommes pas des habituées de l'église, souffle Silke. Nous sommes athées.» Pour la première fois de leur vie, les deux chômeuses ont poussé la porte de l'église Saint-Nicolas, située au coeur de Leipzig, pour assister à la célèbre Friedensgebet (prière de la paix) qui se tient ici tous les lundis à 17 heures. Un lieu historique. Car c'est de cette église que sont parties, à l'été 1989, les fameuses Montagsdemo (manifestations du lundi) qui ont provoqué la chute du Mur et l'effondrement du bloc communiste. Alors quand, il y a un mois, les Allemands de l'Est ont recommencé à manifester le lundi pour demander la suppression des réformes du chômage de longue durée introduites par le gouvernement Schröder, la classe politique allemande s'est indignée. Comment peut-on tordre l'Histoire à ce point ? En 1989, 3 millions d'Allemands de l'Est défilaient dans les rues. Aujourd'hui, ils sont 100 000 dans toute l'Allemagne. Et les manifestants de l'Est n'ont pas grand-chose en commun avec ceux d'il y a quinze ans.

«Tombée de haut». Vêtu d'une veste en jean (sa marque de fabrique), le pasteur Christian Führer, figure de proue des mouvements citoyens de 1989, a décidé d'ignorer la polémique. «Je suis là où les gens ont besoin de moi, dit-il. Les manifestations du lundi ont toujours été la tribune du peuple et doiv