Présidente de Médecins du monde, Françoise Jeanson revient du Sud-Darfour (Soudan). 15 expatriés et une quarantaine de Soudanais travaillent pour cette ONG dans le camp de Kalma regroupant plus de 80 000 personnes.
L'ONU a récemment souligné la bonne volonté affichée par les autorités soudanaises vis-à-vis des organisations humanitaires au Darfour. Avez-vous eu accès facilement à ce camp ?
Il y a quelques mois, il était très difficile d'obtenir les autorisations nécessaires pour se rendre au Darfour. Aujourd'hui, même si ce n'est pas encore parfait, les procédures se sont considérablement accélérées. Nous sommes présents dans le camp de Kalma depuis la mi-juillet. Mais nous allons aussi monter une petite clinique mobile, car à proximité du camp nous avons localisé 6 000 déplacés livrés à eux-mêmes.
Dans quelles conditions survivent les déplacés dans ce camp immense ?
Les autorités l'ont installé près d'un ruisseau, dans une zone inondable, alors qu'on est en pleine saison des pluies. Les déplacés, majoritairement des femmes, vivent dans des huttes protégées de manière sommaire par des bâches fournies par les organisations internationales. Les gens ont accès à l'eau des puits avec des pompes à main, parfois très dures à manier sous 40 degrés à l'ombre. Récemment, les autorités ont distribué de la nourriture... pour la première fois en un mois ! La sécurité du camp est théoriquement assurée par des policiers déployés par Khartoum. Mais les déplacés sont loin de se sentir en sécuri