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Libération

Vladimir Poutine, notre ami le tsar

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La réaction des Européens au massacre de Beslan confirme leur soutien accordé à la politique de Moscou, au nom de la stabilité du continent.
publié le 7 septembre 2004 à 2h01

Au-delà de la solidarité naturelle face à une prise d'otages aussi barbare, les Occidentaux ont manifesté une étonnante indulgence à l'égard de Vladimir Poutine lors de la tragédie de Beslan. Malgré l'impasse manifeste, ils se sont bien gardés de mettre en cause sa politique tchétchène. Les rares qui se sont inquiétés de la brutalité de l'assaut ont vite fait marche arrière face aux réactions outrées de Moscou. C'est que, pour les Européens comme pour les Américains, pour des raisons différentes, la Russie de Vladimir Poutine est un partenaire que l'on ménage, en dépit de ses pires errements.

Muselage. «L'idée des Européens est qu'il ne faut rien faire qui puisse déstabiliser la Russie, explique Anne de Tinguy, experte au Centre d'études et de recherches internationales (Ceri), Boris Eltsine était perçu comme le garant du processus de démocratisation. Avec Poutine, l'accent est davantage sur le réalisme : la Russie fait partie de l'Europe, il faut l'y arrimer d'une façon ou d'une autre sans pour autant l'intégrer à l'Union européenne car, alors, l'UE disparaîtrait. La faiblesse de cette position est que l'on ne fait aucune critique, pas plus sur la Tchétchénie que sur le muselage de la presse ou les dérives autoritaires du régime.»

Les plus chauds partisans de cette position sont la France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni. En visite le 24 février à Budapest, Jacques Chirac, qui voit en la Russie un «pôle» du monde multipolaire qu'il appelle de ses voeu