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Libération
Reportage

Des policiers irakiens désarmés

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Face à la violence, ils manquent de moyens. Récit d'une soirée en patrouille près de Bagdad.
publié le 10 septembre 2004 à 2h04

Bagdad, envoyé spécial.

La fourgonnette file dans l'obscurité. Trois policiers irakiens sont assis dans la cabine, quatre autres se tiennent debout à l'arrière. L'un d'eux a posé une mitraillette sur le toit. Les canons de kalachnikov dépassent des fenêtres qui laissent entrer un vent encore brûlant. Est-ce pour impressionner son hôte étranger ? Le chauffeur essaie toutes ses sirènes et hurle dans son haut-parleur aux rares automobilistes de déguerpir. Un autre véhicule de police, tout aussi bruyant et armé, suit de près, en «appui».

Des bruits de culasses et de chargeurs se mêlent à la voix d'une chanteuse arabe émise par le radiocassette. La patrouille a attendu la nuit pour sortir dans ce quartier malfamé d'Amil, à l'ouest de Bagdad. Une affaire ordinaire, à première vue, qui ne semble pas justifier pareille armada. Il s'agit d'arrêter un étudiant soupçonné d'avoir frappé son professeur. Une plainte pour coups et blessures a été déposée. Le suspect «appartiendrait à une bande», précise le sous-lieutenant Farès. Les policiers portent presque tous un gilet pare-balles. Plusieurs fois, ils s'arrêtent pour chercher leur chemin. Un agent met en joue une voiture qui, arrivant en sens opposé, stoppe à la hauteur de la patrouille. Il abaisse son arme lorsque le conducteur lui crie «Taxi !» et continue à surveiller nerveusement les alentours.

Lourd tribut. C'est une jeune recrue qui travaillait auparavant comme serveur dans un restaurant du centre-ville. «Ça rapporte plus d'être poli