Beslan, envoyée spéciale.
Au fond de la gare de marchandises de Vladikavkaz, quatre wagons frigorifiques en bout de rails : entre wagons de bois et wagons de sable. C'est ici qu'ont abouti les derniers corps non identifiés de la prise d'otages de Beslan (Ossétie du Nord) ; c'est ici que se prolonge l'horreur pour les familles, qui, dix jours après le dénouement, ne retrouvent toujours pas leurs proches. «Ça fait déjà trois fois que je vais à la morgue. Trois fois que je cherche ma famille à travers des centaines de cadavres, et je n'arrive pas à la trouver», sanglote Volodia, 57 ans, un père qui, pour affronter une quatrième visite, avoue avoir bu un demi-litre de vodka. «A jeun, je n'arrive plus à supporter tout ça. La dernière fois, je me suis effondré, mes jambes tremblaient, elles ne me portaient plus.»
Fragments. Devant les wagons frigorifiques, ce lundi matin, une soixantaine d'habitants de Beslan sont venus tenter, une fois encore, de retrouver les leurs. «Les femmes sont dans le premier wagon, les fillettes dans le deuxième, les hommes et les garçons dans le troisième wagon, explique le policier en faction. Allez vite !» Déjà rompues à la procédure, les familles enfilent gants et masque hygiénique, s'écrasent un mouchoir sur le nez pour étouffer l'odeur et se hissent dans les wagons pour ouvrir un à un les sacs où reposent les corps, calcinés par l'incendie du gymnase. 85 corps non identifiés gisaient encore là lundi matin. «Mais nous avons là aussi 90 fragments, des b