Bagdad, envoyé spécial.
La profondeur du cratère dans l'asphalte témoigne de la puissance de la charge. Le souffle de l'explosion, hier matin, a pulvérisé vitres et devantures dans un rayon de plusieurs centaines de mètres, enflammé les véhicules en stationnement sur cette section de la rue Haïfa qui fait face au quartier général de la police de Bagdad, cible de l'attentat. Des dizaines de corps ensanglantés jonchent les trottoirs, morts et blessés fauchés par les éclats de la bombe ou les esquilles de ferraille projetés en tous sens par la voiture piégée. Ambulanciers et pompiers se frayent difficilement un passage dans la foule des secouristes volontaires qui hurle plus qu'elle n'agit. Le chaos est total. Des survivants errent, hagards, en sous-vêtements, le dos brûlé, les chairs en lambeaux. D'autres restent assis, prostrés, regard dans le vague.
Lourd bilan. Difficile de retisser le fil du drame dans une telle confusion, de démêler le vrai du faux face à des témoins traumatisés, oscillant entre rage et terreur. Au moins une voiture, bourrée d'explosifs, a dû être utilisée pour provoquer de tels dégâts. Un policier pense que deux véhicules piégés ont sauté simultanément. Le ministère de l'Intérieur penche pour cette thèse. Ce qui est sûr, c'est que Bagdad n'avait pas été frappé par un tel attentat depuis plus de six mois. Les hôpitaux font état de 47 morts et 114 blessés. La plupart des victimes sont des jeunes, sans emploi, qui venaient s'enrôler dans la police et attendai