Ankara, envoyé spécial.
Le très controversé article de loi sanctionnant l'adultère comme un crime passible de six mois à un an de prison ne sera pas inséré dans le nouveau code pénal turc. L'AKP (Parti de la justice et du développement), issu du mouvement islamiste, a finalement capitulé sous la pression des dirigeants européens clamant qu'une telle mesure «porterait atteinte à la perception qu'on a dans l'Union de l'effort de réformes en Turquie». Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a voulu éviter une contrition publique : c'est le leader de l'opposition social-démocrate Deniz Baykal qui en a annoncé le retrait hier, juste avant le débat parlementaire.
«Mauvaises odeurs». Le texte criminalisant l'adultère, comme d'autres articles sanctionnant les relations sexuelles entre mineurs de moins de 18 ans, était appuyé par le seul parti au pouvoir. L'ensemble de la réforme du code pénal, un projet de quelque 1 000 pages élaboré depuis trois ans avec un rôle actif de la gauche, vise à élargir les libertés publiques pour augmenter les chances de la Turquie d'adhérer à l'Union européenne.
Cette volte-face évite une crise ouverte avec Bruxelles mais les dégâts politiques s'annoncent considérables. «C'est trop tard les mauvaises odeurs sont sorties», résumait crûment hier un haut fonctionnaire européen. Le bras de fer sur l'adultère survient en effet à moins d'un mois de la remise du rapport de la Commission européenne sur les progrès de la Turquie en matière de démocratisation, sur