Bogota de notre correspondant
Aujourd'hui, en fin d'après-midi, près de 45 000 Indiens colombiens doivent inonder le centre de Cali. Venus de tout le sud-ouest du pays, ils y concluront une marche de presque cent kilomètres entamée mardi sur la route panaméricaine, le grand axe qui relie la Colombie à l'Equateur. Sous les drapeaux des différentes ethnies et suivie de camions charriant des tonnes de nourriture, l'immense colonne a défilé pour exiger le respect de son droit «à la vie et à l'autonomie», bafoué par les acteurs de la guerre civile entre factions d'extrême gauche, paramilitaires d'extrême droite et armée. «Nous sommes harcelés par tous les groupes, légaux ou illégaux», expliquait au départ de la marche le dirigeant Clímaco Alvarez. Selon ses chiffres, plus de 250 Indiens ont été assassinés cette année par les combattants, s'ajoutant aux 3 000 éliminés en quatre décennies de conflit.
Flûtes et tambours. «Nous avons dû nous organiser pour résister sans armes», affirme Valdemar Bolaños, un dirigeant des Indiens Paeces. Ses pairs ont appris à repousser les milices des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), qui veulent abattre les dirigeants soupçonnés de sympathiser avec le pouvoir. Le mois dernier, le maire de Toribío, ville majoritairement indienne, a ainsi été enlevé par les Farc qui l'accusaient de favoriser les incursions de l'armée dans sa municipalité. Armés de patience, les Indiens se sont mobilisés et, après plusieurs jours passés à suivre les ravis