Bagdad, envoyé spécial.
Les ravisseurs ont frappé au petit matin. Rapides, précis. Un groupe d'hommes armés et masqués a fait irruption dans une résidence d'un quartier huppé de Bagdad. Le gardien de nuit venait de quitter son service. Son équipier, chargé de la surveillance en journée, n'est jamais venu prendre son poste. Trois ingénieurs occidentaux, employés par la Gulf Services Company, dormaient seuls, sans protection, à l'intérieur de la maison. Deux Américains et un Britannique travaillant sur des contrats militaires en Irak. Des voisins, apeurés, ont aperçu leurs agresseurs les emmener, menottés, à bord de leur propre véhicule de service stationné dans le jardin. «Nous ne nous sommes pas montrés, raconte une dame âgée qui a suivi le drame, cachée derrière ses rideaux. Les bandits leur avaient bandé les yeux et leur criaient des ordres en arabe : "Marchez ! Stop ! Baissez la tête !"»
Sous haute surveillance. Pas un coup de feu n'a été tiré. Personne n'a donné l'alerte. Le commando a pris la fuite sans être le moins du monde inquiété, alors que le quartier Al-Mansour, où logeaient les otages, foisonne d'ambassades et de propriétés occupées par des personnalités politiques irakiennes de premier plan. Un district sous haute surveillance, hérissé de guérites, de barrages et de postes de garde, considéré comme l'un des plus sûrs de la capitale. L'enlèvement d'étrangers dans de telles circonstances sonne comme un défi aux forces de la coalition. Une nouvelle démonstration de