São Paulo, de notre correspondante.
Le président Lula déraperait-il vers l'autoritarisme ? C'est en tout cas l'avis de la presse brésilienne. En cause : un projet de loi qui prévoit la création d'un Conseil fédéral du journalisme (CFJ), chargé «de discipliner et de contrôler l'exercice de la profession». Il s'agit de faire respecter un code d'éthique du journalisme, le CFJ ayant le pouvoir de sanctionner les journalistes «contrevenants», notamment en les rayant du registre de la profession. Dans la presse, c'est le tollé. Pour la Folha de São Paulo, «le CFJ risque d'être utilisé pour faire pression sur les journalistes». Pour l'hebdomadaire Veja, ce texte est «la plus grave atteinte à la liberté de la presse depuis la fin de la dictature militaire», en 1985.
Autonomie. Le gouvernement nie toute volonté d'ingérence, arguant qu'il n'aura, selon le projet de loi, aucun membre au sein du CFJ, ce qui garantira son autonomie. Brasilia précise aussi que le texte, élaboré à la demande de la Fédération nationale des journalistes (Fenaj), ne fait que répondre à «une revendication ancienne de la profession». Mais l'une des principales associations professionnelles, l'Association brésilienne de la presse, elle, dénonce le projet. Même son de cloche chez les patrons de presse, qui craignent la suspension de leurs médias. Si le soutien de la Fenaj à ce projet de loi inspire la méfiance, c'est que cinq des sept membres de sa direction sont affiliés au Parti des travailleurs (PT), la formatio