Ankara, envoyé spécial.
A moins de trois semaines de l'avis que doit rendre la Commission européenne sur l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Turquie, le climat s'envenime entre Ankara et Bruxelles. Dans une nouvelle volte-face, jeudi dans la nuit, le Parti de la justice et du développement (AKP), issu du mouvement islamiste, et fort de près de deux tiers des sièges à l'Assemblée nationale, a finalement remis sur la table le très controversé projet de loi pénalisant l'adultère de six mois à un an de prison. Sous la pression des Européens, pour lesquels cette mesure «porterait atteinte à la perception qu'on a dans l'Union de l'effort de réformes en Turquie», le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan avait renoncé mardi à insérer cet article dans le nouveau code pénal turc, globalement plus libéral et élargissant les libertés publiques afin de faciliter l'accession du pays à l'UE.
Imam. Mais, à la surprise générale, l'AKP a refusé jeudi de voter les derniers articles sur la mise en application du nouveau code, bloquant ainsi l'ensemble de la réforme. A Bruxelles, le commissaire à l'Elargissement, Günter Verheugen, s'est immédiatement ému de ce «développement très inquiétant», tandis qu'à Ankara, le Premier ministre, Erdogan, lui répliquait sèchement en niant à l'UE le droit de «s'immiscer dans les affaires intérieures» de son pays. «Nous sommes la Turquie et les Turcs. Nous prendrons nos propres décisions, dans notre Parlement», a martelé Erdogan, lors d'une réunion des