«Humiliante, abusive et intouchable impunité, les os dans le désert racontent la cruelle vérité. Les mortes de Juárez sont une honte nationale.» Le refrain de la chanson les Femmes de Juárez résume en deux phrases l'opinion de nombreux Mexicains sur cette macabre affaire (lire encadré). Interprétée par Los Tigres del Norte, un groupe de musique populaire considéré comme une légende vivante des deux côtés de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, ce titre évoque l'un des plus cruels faits divers de l'Histoire. Résultat : la société civile, des ONG et des artistes se sont emparés de l'affaire pour réclamer justice.
Critiques. Los Tigres del Norte sont de ceux-là. Le titre fait partie de leur dernier album, Pacto de Sangre («Pacte de sang»). A peine dans les bacs, il s'installe en tête des ventes des charts latinos, mais une pluie de critiques s'abat sur la formation musicale. Et la menace de censure plane. Le gouvernement régional estime même qu'il faudrait empêcher la diffusion de cette chanson sur les radios de la frontière. En première ligne du combat contre les Tigres, une dizaine de familles de victimes sont encadrées par l'Institut de la femme de Chihuahua (Ichimu), mis en place par le gouvernement de l'Etat. «Cette chanson est humiliante. Il est clair que le malheur des uns se convertit en mine d'or pour les autres. Nous ne permettrons pas que certains gagnent de l'argent avec ces assassinats. Ici, ce n'est pas Hollywood, on ne doit pas commerc