«Nous ne savons pas combien de morts il peut y avoir. 2004 a été une année terrible.» Le Premier ministre haïtien, Gérard Latortue, ne cachait pas son pessimisme et son impuissance après le passage, ce week-end, de la tempête tropicale Jeanne sur le nord du pays. D'une force bien moindre que le cyclone Ivan qui l'a précédée dans les Caraïbes et dans le sud-est des Etats-Unis (114 morts), Jeanne a été finalement plus dévastatrice car elle a touché Haïti, le pays le plus pauvre de la région et qui paie des dizaines d'années d'une déforestation accélérée. Conséquence : les fortes pluies emportent tout sur leur passage. En juin, les pluies torrentielles qui avaient frappé le sud du pays avaient fait 1 400 morts.
Selon le dernier bilan officiel de Port-au-Prince, hier, Jeanne a fait plus de 300 morts et des dizaines de disparus, la plupart aux Gonaïves, la troisième ville du pays, qui restait isolée de la capitale. «Nous avons décompté 250 morts à l'hôpital» de Gonaïves, annonçait hier soir Toussaint Congo-Doudou, porte-parole de la mission de stabilisation des Nations unies (Minustah) présente dans le pays depuis la chute du président Aristide en février. «Le centre-ville est submergé et de nombreuses maisons sont couvertes d'eau jusque sur les toits», indiquait peu avant un témoin cité par l'agence de presse Haïti Press Network. Hier, la Minustah devait apporter grâce à ses hélicoptères de l'eau et des médicaments aux Gonaïves. Selon des estimations de la protection civile haï