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Libération
Reportage

Le retour vers l'inconnu des réfugiés afghans du Pakistan

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publié le 21 septembre 2004 à 2h13

Peshawar, envoyée spéciale.

Arrimé sur les toits de deux camions, un impressionnant chargement de lits, planches, couvertures, paquets... Une cargaison aussi haute que les véhicules. Les camions sont sur le départ, dans ce district de Bajaur, en zone tribale pakistanaise, dans le nord-ouest du pays. Ils emmènent plusieurs familles de réfugiés afghans du camp de Kotkai pour un long voyage, de la frontière toute proche jusqu'au nord de l'Afghanistan dont elles sont originaires. D'autres meubles sont encore attachés à l'arrière. Dernier tour de corde. Puis les familles s'entassent dans les véhicules bourrés à craquer, en route vers la grande inconnue.

Les enfants sont tout excités par le départ, mais les adultes affichent des visages soucieux, ne sachant trop ce qui les attend au bout du voyage. Les convois se succèdent. Au fil des jours, le camp déserté ressemble à une ville détruite, les réfugiés ayant démonté leurs maisons pour récupérer les matériaux de construction et les réutiliser en Afghanistan. Cet été, treize camps de réfugiés, tous installés à proximité de la frontière afghane, ont ainsi été peu à peu vidés de leurs occupants.

Une décision prise après le voyage sur le terrain fin avril 2004 de Ruud Lubbers. Le haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés avait mis en garde sur le risque que des forces hostiles au gouvernement de Kaboul ­ militants talibans ou d'Al-Qaeda ­ trouvent refuge ou cherchent à recruter des partisans dans ces camps. «Il n'est pas bon de continuer