Varsovie, de notre correspondante.
Jamais, depuis la chute du communisme, les relations germano-polonaises n'ont été aussi mauvaises. L'élargissement de l'Union européenne devait couronner une réconciliation réussie, à l'image de la France et de l'Allemagne, or, soixante ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Varsovie et Berlin s'affrontent sur le terrain des réparations de guerre.
Vu de Varsovie, le coup d'envoi a été donné par les descendants des expulsés des terres allemandes, rattachées à la Pologne après 1945. Il y a d'abord eu le projet de construire à Berlin un centre contre les expulsions, lancé par la députée CDU Erika Steinbach, puis l'annonce début août par la Preussische Treuhand, une organisation représentant des Allemands expulsés de Silésie, de Poméranie ou de Gdansk, qu'elle déposerait des plaintes dès cet automne devant des tribunaux polonais pour demander la restitution de leurs biens immobiliers.
Milliards d'euros. Ce «revanchisme» a provoqué l'inquiétude des Polonais. Dans une résolution adoptée le 9 septembre, la Diète (Chambre basse) exige que Berlin assume l'indemnisation des expulsés, menaçant, sinon, de lui présenter la facture pour «les énormes destructions matérielles provoquées par l'agression, l'occupation et le génocide allemands». Plusieurs villes, dont Varsovie que les nazis ont quasiment rasé lors de l'insurrection de 1944 , ont même commencé à chiffrer leurs pertes en milliards d'euros.
«La résolution n'est pas née dans le vide», a