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Libération

Des pygmées dévorés au Congo toujours en vie

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«Victimes» de cas de cannibalisme rapportés en 2002, ils ont avoué avoir menti.
publié le 24 septembre 2004 à 2h15

Que s'est-t-il réellement passé à Mambasa, dans l'extrême nord-est du Congo-Kinshasa, à l'automne 2002 ? Les Pygmées de la région ont-ils, oui ou non, été victimes d'actes de cannibalisme ? A l'époque, des témoignages concordants avaient accusé des soldats du Mouvement de libération du Congo (MLC), la milice de Jean-Pierre Bemba, d'avoir dévoré des Pygmées. Dans le long martyre de la République démocratique du Congo (RDC), cet épisode avait marqué un sommet dans l'horreur par son luxe de détails et à cause de sa charge imaginaire.

Les soudards, mus par un mélange de cruauté, de racisme et de croyances surnaturelles, auraient dépecé, boucané et mangé leurs victimes sous les yeux de leurs proches, allant jusqu'à les contraindre à partager ce festin anthropophage. Quelques mois après, l'Union européenne décidait l'envoi d'une mission de maintien de la paix en Ituri, l'opération Artémis, dirigée par la France. Parallèlement, la Cour pénale internationale (CPI), alors naissante, avait annoncé que les exactions en Ituri feraient l'objet de sa première enquête.

Il y a dix jours, un coup de théâtre est venu tout bousculer. Dans une conférence de presse largement médiatisée par le MLC, trois Pygmées, qui avaient chargé Bemba, ont «demandé pardon» pour «le tort» causé au MLC et à son chef, devenu entretemps l'un des quatre vice-présidents du pays. «Ces gens sont venus nous voir en août, explique à Libération Sesanga Hipungu, chef de cabinet de Jean-Pierre Bemba. Ils nous ont expliqué qu