Reinhardtsdorf-Schöna, envoyée spéciale.
Les Allemands la surnomment désormais «la vallée fasciste». Jusqu'aux élections du 19 septembre cette région était appelée la «Suisse saxonne» avec ses curieuses formations rocheuses qui font l'admiration des touristes le long des méandres de l'Elbe, de Dresde à la frontière tchèque. Pour la première fois depuis 1968, le Parti national allemand (NPD) a réussi, avec 9,2 % des voix, à faire entrer douze députés au Parlement régional de Saxe. Berceau de cette poussée d'extrémisme, la Suisse saxonne a pulvérisé tous les records. A Reinhardtsdorf-Schöna, deux villages de 1 600 âmes que l'on rejoint par une route montagneuse se terminant en cul-de-sac, un habitant sur quatre a voté NPD (23,1 %).
«En colère». Propriétaire d'un restaurant, Michael Wunderlich assure «ne pas comprendre ce que les gens ont dans la tête». «C'est un village tranquille ici, les gens ne sont pas racistes, assure-t-il. Moi, je ne suis pas fou. J'ai voté CDU. Je ne vais pas voter pour un parti qui risque de faire fuir les touristes.» Et ses copains du village ? «Ils s'en foutent. Ils ont voté NPD pour protester contre les mesures du gouvernement.» Ne perdant pas une miette de la conversation, un homme vêtu d'un jogging vert pique du nez dans sa bière. Il a voté NPD mais n'ose pas le dire. Licencié, il y a quatre ans, d'une scierie de Königstein, il perdra la moitié de ses allocations en janvier pour toucher 331 euros. Alors il est «très très en colère». Depuis le mois d