Spécialiste de géopolitique, François Géré préside l'Institut français d'analyse stratégique (www.strato-analyse.net). Il revient sur la proposition française de faire entrer de nouveaux pays au Conseil de sécurité des Nations unies.
Pensez-vous, au vu des premières réactions négatives, que la France vient d'ouvrir la boîte à claques ?
Il y a énormément de coups à prendre dans cette affaire ! On risque de susciter beaucoup de frustrations, car la proposition française pourrait vite apparaître comme un tour de valse qui ne débouchera sur rien, à cause des blocages au Conseil de sécurité. Et, surtout, on ravive les vieilles rivalités entre de nombreux pays. Bref, pas mal de coups de manivelle en retour...
Pourquoi la France propose-t-elle d'élargir le Conseil de sécurité ?
Paris veut à la fois rééquilibrer le Conseil de sécurité au détriment des Etats-Unis et lui donner plus de crédibilité. Aujourd'hui, Washington peut compter sur le soutien de Londres et la passivité bienveillante de Moscou et Pékin. De nouveaux membres permanents, tels l'Allemagne ou le Brésil, viendraient renforcer la position internationale de la France, croit-on à Paris.
Revenons sur les conflits que suscite le choix de nouveaux membres permanents.
On retrouve d'abord les «couples maudits», c'est-à-dire les rivalités historiques. Ainsi, l'Argentine et le Chili, voire le Mexique, n'acceptent pas l'idée que l'Amérique latine soit représentée à l'ONU par les Brésiliens qui ne parlent pas l'espagnol. Autre exempl