Francistown, envoyée spéciale.
«Le Botswana essaie de créer une nouvelle bande de Gaza !» La déclaration de l'ambassadeur du Zimbabwe avait fait sensation l'an dernier au Botswana. Ce petit pays d'Afrique australe poursuit la construction d'une clôture électrique de 500 kilomètres, le long de sa frontière, après un épisode de fièvre aphteuse qui avait entraîné la suspension provisoire de ses exportations de boeuf, la deuxième ressource du pays après les diamants. Mais les autorités zimbabwéennes l'accusent à demi-mot d'avoir pris cette mesure contre les immigrés clandestins zimbabwéens et donc contre le pays tout entier.
«Pas mortelle». «On a dû abattre 12 000 bêtes, nos exportations vers l'Union européenne ont été gelées pendant deux ans, cela nous a coûté cher. Cette clôture vient renforcer le cordon sanitaire déjà existant. Elle mesure 2,4 mètres de haut et vise à empêcher les animaux de passer, explique Mogapi Marumo, responsable du ministère de l'Agriculture à Francistown. On dit que c'est pour les humains, mais c'est faux : la clôture n'est pas mortelle.»
A l'aube, le poste frontière de Matzilobge n'a rien du passage d'Erez, qui sépare la bande de Gaza d'Israël. Le côté botswanais se réveille tranquillement dans le silence du bush. Une employée se plaint de l'absence de radiateur dans les préfabriqués qui font office de bureau. Un homme passe la frontière avec une brouette. Il y a dix ans, les habitants de Francistown allaient faire leurs courses au Zimbabwe, à Bulawayo.