Trois semaines après la prise d'otages sanglante de Beslan, les signes d'une reprise en mains politique se multiplient en Russie. Après l'annonce d'une centralisation autoritaire du pouvoir par le président Vladimir Poutine, les députés s'apprêtent à voter une série de textes législatifs renforçant le contrôle des citoyens et de leurs déplacements et accroissant le pouvoir des services de sécurité. Menacée par de nouvelles restrictions, la presse, où subsistent encore quelques îlots de liberté, ne cache plus son inquiétude (lire page 6).
Propagande. Vendredi soir à Moscou, lors de sa cérémonie annuelle de remise des prix, l'Académie de télévision a récompensé trois émissions de la chaîne NTV réputées pour leur indépendance de ton et récemment supprimées : le programme d'informations Namedni (la Veille), celui d'analyses Krasnaïa Strela (Flèche rouge) et le talk-show Sloboda Slova (Liberté de parole). L'Académie a aussi décerné un prix spécial à Leonid Parfionov, présentateur vedette de Namedni, limogé l'été dernier pour avoir voulu diffuser l'interview de la veuve d'un dirigeant séparatiste tchétchène. Après avoir remercié pour cette «petite couronne sur la tombe de Namedni», Parfionov a indiqué qu'il est au chômage et pense s'inscrire à l'agence pour l'emploi. «C'est une forme de protestation plus efficace que des tentatives de faire adopter une déclaration», a expliqué le président de l'Académie, Vladimir Pozner, allusion à la lettre signée par une trentain