Genève, de notre correspondant.
C'est une image étonnante, symptomatique de la schizophrénie actuelle que connaît le système politique suisse : dimanche soir, lors de la conférence de presse du gouvernement helvétique, trois ministres prennent acte de la gifle que viennent de leur infliger les électeurs. Si deux ministres ont la mine défaite, le socialiste Moritz Leuenberger et le radical (centre-droit) Pascal Couchepin, le troisième, lui, rayonne. C'est Christoph Blocher, ministre de l'Intérieur. C'est pourtant lui qui était chargé au gouvernement de défendre le dossier des naturalisations facilitées pour les étrangers en Suisse.
«Vote raciste». Ses pairs voulaient ainsi piéger le leader ultranationaliste. Il n'en a rien été. Au contraire, Blocher ne s'est jamais dissocié de la «campagne haineuse» de l'avis de toutes les autres formations de gauche et de droite (sauf son parti, l'Union démocratique du centre, UDC), campagne qui assimilait les étrangers en Suisse à des Ben Laden et des trafiquants de drogue. Et plus de la moitié des citoyens ont rejeté, le week-end dernier, la naturalisation facilitée. Un vote qui traduit la montée du sentiment d'insécurité et le mécontentement face à l'explosion des coûts de la santé et le tassement des revenus. «Ce vote raciste, c'est le vote de la peur», analyse, dans la Tribune de Genève, le sociologue Sandro Cattacin.
Ce nouveau triomphe des ultranationalistes pose un véritable défi à l'Etat. Comment maintenir un gouvernement composé de to