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Libération
Interview

«Les Américains n'ont pas fabriqué Ben Laden»

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Jonathan Randal, journaliste, a mené une longue enquête sur le parcours du chef terroriste :
publié le 28 septembre 2004 à 2h19
(mis à jour le 28 septembre 2004 à 2h19)

Dans l'inflation d'ouvrages sur Ben Laden, celui du journaliste américain Jonathan Randal, Oussama, la fabrication d'un terroriste (1), est le plus complet et le plus rigoureux. Mélange de l'expérience de trente ans de correspondance de guerre au Proche-Orient pour le Washington Post et de quatre ans d'enquête sur le chef terroriste.

Quels sont les traits marquants de la personnalité de Ben Laden ?

Oussama n'était que le dix-septième des vingt-quatre garçons d'une famille de 54 enfants. Les services occidentaux ont fait de lui un coureur de jupons et un amateur d'alcool. Mais son seul vice connu était les excès de vitesse. Très bon avant au foot, il fut remarqué dès son adolescence pour sa religiosité et ses opinions extrémistes. Il s'effrayait de voir les jeunes Saoudiens s'adonner au sexe, à la drogue, aller à l'étranger. Mais il ne donnait pas l'impression de maîtriser le savoir coranique et en a fait un avantage : capable de parler aux musulmans ordinaires dans un langage simple, il fascinait. Fils de riche, il sait aussi parler aux riches et les convaincre de contribuer au jihad. Il était en outre assez riche pour qu'on sache qu'il ne se servirait pas. Mais il semblait n'avoir rien de ce qui fait les meneurs d'hommes.

Comment est-il devenu un jihadiste ?

Ce qui l'a d'abord passionné n'était pas l'Afghanistan, mais la campagne lancée en 1976 par les Frères musulmans de Syrie contre le régime alaouite de Hafez el-Assad. Ne prenant pas en comp