Diadema, envoyée spéciale.
Méthodiquement, le policier abat son marteau sur le revolver 38 mm. Un, deux, trois coups, et l'arme est déformée. Ce geste, il va le répéter sur toutes les armes à feu récupérées dans le cadre de la campagne de désarmement des civils, en cours au Brésil. Pour bien montrer qu'elles sont désormais inutilisables. Ana est une femme au foyer d'Eldorado, quartier de la périphérie de Diadema, une banlieue de São Paulo. C'est son mari, décédé depuis, qui avait acheté le 38 mm, en 1991. «Pour nous protéger, dit-elle. A Eldorado, il y avait des morts à la pelle.» Elle est soulagée de se défaire de son arme. «J'avais peur qu'elle tombe entre les mains de mon fils de 18 ans.» Les Brésiliens qui, comme elle, ont une arme à feu devront la rendre d'ici à la fin de l'année à l'Etat, qui la leur rachètera entre 100 et 300 reais (entre 30 et 90 euros), selon le type et le calibre.
En vertu de la nouvelle loi, le port d'armes est désormais interdit aux civils sauf dans de rares cas strictement encadrés et les infractions sont punies de prison ferme (contre une simple amende auparavant). Une victoire pour les ONG qui réclamaient cette loi face à la violence croissante. Entre 1980 et 2000, près de 600 000 Brésiliens ont été assassinés. Responsables d'une grande partie des homicides, les armes à feu sont estimées à 20 millions dans le pays, dont un quart seulement détenues légalement. La prolifération de ces armes s'explique par la facilité qu'il y avait à en obtenir