Bogota de notre correspondant
Leur conversation aurait dû rester confidentielle. Mais l'échange entre le haut-commissaire à la paix colombien, Luis Carlos Restrepo, et des groupes paramilitaires d'extrême droite a été enregistré et publié par l'hebdomadaire Semana, déclenchant un scandale. Sur les cassettes, le représentant du gouvernement propose aux chefs des milices les moyens d'échapper à la justice internationale.
Complaisance. Apparues dans les années 1980 sous l'impulsion de militaires, de propriétaires terriens et de narcotrafiquants pour lutter contre les factions d'extrême gauche des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et de l'Armée de libération nationale (ELN), ces milices privées, fédérées dans les Autodéfenses unies de Colombie (AUC), contrôleraient aujourd'hui près d'un tiers du territoire, souvent avec la complicité ou la complaisance des autorités. Mais, il y a plus d'un an, elles se sont engagées à démobiliser 10 000 à 15 000 de leurs combattants avant 2006.
Or l'enregistrement montre que le gouvernement du président conservateur Alvaro Uribe reste compréhensif avec les chefs des AUC : aucun ne veut croupir dans une cellule, que ce soit en Colombie, où ils doivent répondre de massacres de civils, ou aux Etats-Unis, qui réclament l'extradition de onze d'entre eux pour trafic de drogue. Le négociateur Restrepo propose donc deux pirouettes juridiques. D'abord, explique-t-il, la Cour pénale internationale dont la Colombie s'est exclue pour les crim