Berlin intérim
«Le premier paquet en provenance d'Europe est arrivé», estimait hier matin le quotidien turc Aksam, quelques heures après l'incarcération à Istanbul de l'islamiste radical Metin Kaplan, pour «tentative de renversement de l'ordre constitutionnel». Moins d'une semaine après la présentation du rapport de la Commission sur l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, qui soulignait les progrès accomplis en matière de droits de l'homme, l'Allemagne a expulsé «le Calife de Cologne». Ankara réclamait le chef de l'organisation radicale Hilafet Devleti (l'Etat du Califat, en turc) depuis des années pour un projet d'attentat contre le mausolée d'Atatürk, à Ankara en 1998, avec un avion bourré d'explosifs.
Installé en Allemagne depuis plus de vingt ans, Kaplan avait su profiter des multiples recours d'un système judiciaire très soucieux du respect de l'Etat de droit. En mai, un premier tribunal avait estimé qu'Ankara était désormais en mesure de garantir la sécurité en prison de l'islamiste, mais la situation semblait bloquée par une énième procédure d'appel. Et soudain, en dépit de cette procédure, le tribunal administratif de Cologne a donné son aval, au motif que Kaplan était une «figure d'identification pour l'extrémisme islamiste» en Allemagne. Peu après, il partait pour la Turquie.
«Je doute que la justice allemande fixe son ordre du jour en fonction de celui de la Commission européenne, sourit Heinz Kramer, spécialiste de la Turquie à la Fondation science et polit