Dadaab (est du Kenya) envoyé spécial
Cela sent la friture à l'entrée de Hagadera, un des trois camps de réfugiés somaliens de Dadaab, à moins d'une centaine de kilomètres de la frontière avec leur pays natal. Foie de chèvre et oignons au petit déjeuner, Abdihali Hassan Ali s'apprête à ouvrir son échoppe où il vend parfums, chemises, lait en poudre, casseroles. Une voix de femme grésille d'un magnétophone posé sur une étagère. Elle chante, en somali, la nostalgie d'un amour perdu. «Cette élection peut changer beaucoup de choses pour nous», estime Abdihali, 40 ans, réfugié ici depuis 1991, quand la Somalie s'est désintégrée en fiefs féodaux à la chute du dictateur Siyad Barré. «Quel que soit le gouvernement qui sera formé, il aura le soutien des réfugiés. Tout simplement parce que ce sera mieux que le vide actuel. Pour le moment, il n'y a aucune loi et chacun fait ce qu'il veut en Somalie.»
Réconciliation. Si Abdullahi Yusuf Ahmed, le nouveau président de la Somalie, qui a prêté serment hier à Nairobi (lire encadré), a promis de travailler pour «la réconciliation, la paix et la stabilité» après treize ans de chaos, la majorité des 140 000 réfugiés de Dadaab estiment qu'il est encore trop tôt pour rentrer au pays. «J'étais un des premiers Somaliens à arriver, quand on a fui les combats, raconte Abdihali, dont les quatre enfants sont nés dans le camp. Il y a treize ans, il n'y avait rien ici. Je serais prêt à vendre mes stocks et à recommencer une vie meilleure à Mogadiscio. Mais