à Yaoundé
Sur une colline, près de Yaoundé, se dresse une grande maison vide. Murs nus, fenêtres béantes, ce lugubre inachèvement incarne la destinée contrariée du propriétaire : Titus Edzoa, autrefois puissant secrétaire général à la présidence, réputé pour son ésotérisme rosicrucien. En 1997, sa vie a basculé. Accusé de détournement de fonds, il a été condamné à quinze ans de réclusion. A la veille de l'élection présidentielle de 2004, sa peine a été confirmée. Non loin de là se trouve le palais d'Etoudi, au milieu d'un parc à la pelouse impeccable, ombragé par de grands flamboyants. C'est, dit-on, un escalier doré qui mène au bureau du Président. Voici illustré dans l'espace l'adage romain dont Paul Biya a fait sa règle : «La roche Tarpéienne n'est jamais loin du Capitole.»
Agé aujourd'hui de 72 ans, Biya fait partie de la génération Aujoulat, du nom de ce médecin français qui a introduit auprès des autorités françaises les plus influentes personnalités politiques du Cameroun. Aujoulat a présenté Biya à Ahmadou Ahidjo. Dans l'ombre de son prédécesseur à poigne, Biya est devenu secrétaire général puis Premier ministre. Au contact d'Ahidjo, il a appris à gérer, parfois par la force la plus brutale, les équilibres régionaux du Cameroun multiethnique, anglophone à l'Ouest et musulman au Nord : au début des années 60, lors du soulèvement dans le Sud et à l'Ouest, puis au début des années 90, quand l'opposant John Fru Ndi a été «volé» de sa victoire à la présidentielle de 1992, l