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Libération

La chasse aux voix cubaines à Miami

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Si les anticastristes votent Bush en majorité, les plus jeunes penchent pour les démocrates.
publié le 18 octobre 2004 à 2h37

Miami envoyé spécial

«Versailles», ainsi appelé à cause de ses miroirs, est «le» restaurant populaire cubain de Miami, sur la Calle Ocho, au coeur de Little Havana. Réputé non tant pour sa cuisine, roborative plus que raffinée, que pour son décor kitch et ses discussions politiques animées. Ce jeudi-là, une femme attablée porte un T-Shirt «Castro, no ; Bush, si !» Un vétéran, infirme, a collé un autocollant «Bush Cheney» sur son déambulateur : «Les démocrates n'ont jamais rien fait de bon pour Cuba», grogne-t-il, avant de partir, intarissable, sur l'histoire de son île. Pour la plupart des Américains d'origine cubaine, le Parti démocrate est celui de John F. Kennedy, qui a refusé de soutenir l'invasion de Cuba, lors de l'épisode de la baie des cochons ; c'est celui de Jimmy Carter qui a tenté le rapprochement avec Fidel Castro ; c'est celui de Bill Clinton qui a rendu à Cuba, manu militari, le petit réfugié de 7 ans, Elian Gonzalez... Lors de la dernière élection présidentielle, 82 % des Cubains américains ont voté pour George W. Bush. Et à écouter les plus vieux (surnommés ici les historicos, ceux qui ont fui Cuba au moment de la révolution castriste), les rangs démocrates sont «bourrés de communistes».

Grappillage électoral.

Sur le trottoir en face du Versailles, pourtant, le Parti démocrate a ouvert un bureau de campagne. Pour la première fois, les militants s'activent sérieusement pour tenter de grappiller des voix cubaines. Ils ont décidé de consacrer 6 millions de dollars