Moscou envoyée spéciale
Trois étrangers un Vietnamien, un Ouzbek et un Chinois ont été tués la semaine dernière en Russie lors d'attaques vraisemblablement à motivation raciste. La multiplication de ces agressions et la montée de la xénophobie illustrent un double phénomène : d'abord une haine grandissante à l'égard des Tchétchènes, et par extension des Caucasiens, à la suite des attentats qui ont ensanglanté le pays, ensuite un racisme dirigé contre tous les «non-Blancs» qui prospère à l'ombre de la «lutte contre le terrorisme international». Dénoncée par les organisations de défense des droits de l'homme, cette poussée extrémiste n'a pas, pour l'instant, suscité de mobilisation des autorités.
Il est environ 22 heures, mercredi, lorsque Vu An Tuan, un Vietnamien de 20 ans, en première année à l'Institut polytechnique, rentre chez lui après une fête d'anniversaire à la cité universitaire de l'institut médical Pavlov. Au centre de Saint-Pétersbourg, une quinzaine de jeunes, crâne rasé et vêtus de noir, le prennent à partie. Battu, il est laissé agonisant, lardé de cinq coups de couteau. Toute la nuit, une centaine d'étudiants étrangers manifestent devant l'institut. Ils disent leur lassitude devant les insultes racistes, la peur lorsqu'ils doivent prendre le métro d'être agressés par des «crânes rasés». Sur leurs pancartes, on peut lire : «On vient pour étudier, on repart dans des cercueils.» «Qui nous défend ?» «Qu'on en finisse avec les skinheads.»
Le lendemain, c'est au t