Minsk envoyée spéciale
Quelque 2 000 courageux ont osé braver, hier soir, les policiers biélorusses et manifester au centre de Minsk contre les fraudes systématiques constatées lors des élections organisées ce dimanche. Une dizaine de militants ont été arrêtés, et tous les autres soigneusement filmés par le KGB, comme on appelle ici, aujourd'hui encore, les sinistres services spéciaux biélorusses. Effrayés par le pouvoir qui n'a pas hésité par le passé à faire tabasser et disparaître les opposants, les autres électeurs sont pourtant restés sagement chez eux, même tous ceux qui ont voté contre le régime, dimanche, et se sont vu voler leur voix. Selon les décomptes des observateurs indépendants, une bonne moitié des électeurs semble avoir voté non au référendum organisé pour permettre au président Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, de briguer un troisième mandat.
Selon les résultats officiels, qui à l'évidence ont été inventés de toutes pièces par la commission électorale centrale, 86,2 % des votants auraient répondu oui au référendum, ce qui, basé sur une participation de plus de 90 %, donnerait une approbation par 77,3 % des inscrits. Aux législatives organisées le même jour, les candidats du pouvoir ont été déclarés élus dès le premier tour dans cent sept des cent dix circonscriptions. «On ne peut pas appeler cela des élections. Il est maintenant clair que ce n'est pas par les urnes que l'on pourra changer ce régime», s'indignait hier Stanislav Chouchkevitch, lead